Au début d'une psychothérapie...

Apprendre à s'observer

la position meta

 

 

Lorsqu’on veut se libérer et qu’on commence à se regarder agir et réagir, il y a un changement qui s’opère pour beaucoup de personnes.

Il s’agit d’un moment où l’on devient observateur de soi-même.

 

Auparavant, on vivait, on agissait et on commettait des impairs, sans vraiment en avoir conscience dans l’instant où cela se produisait. Ce n’est que lorsqu’un moment propice à la réflexion se présentait que l’on en profitait pour faire ce retour sur soi et éventuellement se remettre en question sur certaines attitudes ou comportements.

Le soir au moment de s’endormir par exemple, lorsque le calme se fait autour de soi et que nous reviennent à l’esprit les images de moments qui nous ont marqué dans la journée. Ou pendant les vacances, où nous avons davantage le loisir de penser à ce qui est vraiment essentiel, important dans notre vie et à ce que nous aimerions modifier.

 

Mais lorsqu’on commence à être plus attentif à soi au quotidien, nous nous mettons à développer notre aptitude à nous observer nous-mêmes, non pas une fois l’action menée, mais pendant que nous agissons. Comme si un autre nous-même se postait à un endroit confortable de la pièce et nous observait agir, y allant peu à peu de ses observations et commentaires !

C’est souvent surprenant de vivre ce changement quand on a longtemps vécu sans ce nouveau « soi » qui nous accompagne de plus en plus souvent !

 

C’est un nouvel interlocuteur dans nos vies auquel il va falloir s’habituer…

 

Ce changement signe un élargissement de notre conscience ; nous devenons davantage conscient de nous-même, de nos sensations, de nos émotions, et de nos actions, au fur et à mesure qu’elles se déploient. On l’appelle la position méta.

 

En quoi ce changement est-il lié à un processus de psychothérapie?

Pour se libérer de nos dysfonctionnements, il s’agit de regarder quelle est notre manière de fonctionner, comment nous ressentons et gérons nos émotions, et comment nous agissons au quotidien.

 

Cela passe par donc par le fait de s’observer davantage soi-même. une fois par semaine (par exemple) le rendez-vous avec le psychologue, psychothérapeute est l'occasion de regarder son fonctionnement. C’est comme si nous avions au programme de notre semaine davantage de temps consacré à notre météo intérieure. Nous focalisons notre attention sur le temps qu’il fait dans notre cœur, notre corps et notre tête: notre état émotionnel (colère, joie, tristesse, excitation, surprise, peur,…), notre état corporel (nos sensations) et nos pensées.

Pour notre organisme, il s’agit d’une nouvelle habitude. Et comme pour toute expérience que nous lui proposons, il va très vite sentir s’il s’agit d’une habitude qui lui est bénéfique.

 

En profondeur, ce que notre organisme sent, avec cette nouvelle habitude, c’est que nous lui prêtons davantage d’attention. Il sent que nous nous mettons à son écoute, que nous nous intéressons à lui, à son fonctionnement, à son confort et à ses inconforts.

Et tout notre être sent que nous répondons là à des besoins qui étaient parfois restés insatisfaits depuis longtemps : être écouté, entendu, compris par un interlocuteur non-jugeant et bienveillant. Ce sont des besoins essentiels de tous les êtres humains !

Notre organisme sent à quel point ça lui est bénéfique, et il a vite fait d’en vouloir plus !

 

Ce qui se produit alors est assez magique : nous nous mettons simplement, naturellement à l’écouter davantage, tout en vivant notre vie. Cette observation occasionnelle de nous-mêmes, se transforme peu à peu en présence, conscience et écoute continue de nous mêmes. A chaque instant nous nous regardons évoluer et nous sentons de plus en plus finement les sources de confort et d’inconfort qui apparaissent dans notre quotidien. Nous nous mettons à nous connaître de mieux en mieux parce que nous devenons notre propre objet d’étude, instant après instant.

Nous identifions nos sources de joie, de peur, de colère ou d’angoisse, et la façon dont nous réagissons en situation de stress.

Nous devenons peu à peu un expert de nous-même!

 

Souvent, lorsque cette aptitude à s’observer soi-même se développe (cette aptitude à se positionner en méta) un mélange de sentiments s’invite dans le cœur de beaucoup de gens : on peut ressentir de l’impatience, de la frustration, de l’énervement,...

On devient en effet de plus en plus finement témoin de nos impasses et de leurs déroulement… et c’est agaçant !

« Mais comment est-ce possible ?! Je me vois faire, cela ne me convient pas de faire comme ça, et je n’arrive pas à faire autrement ! Pourtant je vois bien ce qui se passe ! ».

C’est vrai que c’est inconfortable d’observer quelqu’un se prendre le mur, encore et encore, connaître de mieux en mieux la façon dont il va y aller et sous quel angle il va se cogner !! Surtout quand il s’agit de nous-même… !

 

Mais c’est une étape nécessaire sur le chemin qui nous mène à une meilleure façon de nous traiter nous-même au quotidien.

Tout comme le ferait un médecin, nous devons apprendre à nous observer avec attention et minutie pour pouvoir poser un diagnostic, le plus précis possible, qui nous permette ensuite de choisir les soins appropriés.

 

C’est très inconfortable de passer par ces étapes les premières fois, parce que nous n’en retirons pas les bénéfices instantanément et que nous pouvons douter qu’ils arrivent un jour.

Ce sont aussi des étapes qui nous confrontent à notre impuissance ; nous ne pouvons pas tout transformer en un claquement de doigt, même quand il s’agit de soi!

 

Mais en acceptant de passer par ce processus, nous acquérons des connaissances et un savoir sur nous-même. Ce sont là des fondements indispensables à l’acquisition du pouvoir qui nous permettra ensuite de modifier ce dont nous ne voulons plus dans nos vies.

 

C'est un aspect du processus de psychothérapie...

 

 

 

 

Julie Blivet, psychologue et psychothérapeute reçoit en consultation sur rendez-vous dans son cabinet à Montpellier. Elle est notamment formée à la psychologie, à la Gestalt-thérapie (une approche de psychothérapie humaniste et holistique) et à la méditation.