S’ECOUTER

 

 

 

S’écouter, c’est accepter de sentir ce qui se passe à l’intérieur de soi en terme d’émotions et de sensations.

Si la recette est si simple pourquoi avons-nous tant de mal à l’appliquer?

 

Souvent des peurs empêchent de s’écouter vraiment. Quand nous nous asseyons et que nous prenons quelques respirations, attentifs à nos ressentis, une impulsion, une envie de se lever pour aller faire quelque chose peut très vite survenir.

Cet élan, si nous nous y soumettons, nous permet d’éviter de nous écouter plus en profondeur.

Cet évitement n’est pas là sans raison. La plupart d’entre nous avons des peurs quant à nos émotions, nos ressentis.

 

Élodie et la peur de sa propre violence

 

Au fil de nos rencontres, Élodie apprend à plus laisser exister en elle ce qu’elle ressent. Elle l’applique dans son quotidien, prenant régulièrement un moment pour se questionner: “Comment est-ce que je vis cette situation au fond?...”

Je l’interroge alors: “Comment est-ce pour vous de vous écouter davantage?”

“Je sens que je me laisse plus le droit d’exister et c’est bon de sentir ça.”

Mais simultanément, Élodie ressent un inconfort dans cette pratique nouvelle. Je l’invite à laisser de la place à son inconfort, à le sentir en elle. Après quelques secondes, Élodie identifie qu’elle sent de la peur. Elle craint d’exploser, elle craint la violence qu’elle pourrait découvrir en elle. A ce moment-là, nous faisons des liens ensemble sur l’origine de sa peur: depuis qu’Élodie est enfant, sa mère lui fait régulièrement vivre des crises de violence: Soudain, sa mère explose, sans raison qui justifie une telle intensité dans sa réaction, se mettant à hurler, à pousser son mari, son fils ou sa fille, et à le ou la frapper. Cette violence, Élodie en a été régulièrement la victime et le témoin depuis son plus jeune âge. Elle a vécu dans son corps et dans son cœur les blessures qu’un tel comportement provoque. Elle craint, en laissant exister son ressenti, autrement dit en s’écoutant, d’être comme sa mère, et de faire souffrir son entourage comme elle a elle-même souffert de ces crises.

 

Là où Élodie se trompe, c’est qu’elle croit qu’elle a de la violence en elle. Elle imagine que ses émotions peuvent être violentes. Or nos émotions ne sont pas violentes en elles-mêmes. Nos ressentis sont à l’intérieur de nous. Ils sont ce qu’ils sont, et ne sont ni bons, ni mauvais. Que nous ressentions de l’amour ou de la haine, c’est ainsi. Il n’y a pas de violence dans le fait de ressentir de la colère, de la haine, de la jalousie, … La violence résulte de ce que nous allons faire de nos émotions. La violence est liée au comportement que nous allons adopter.

 

La mère d’Élodie ressent certainement de nombreuses émotions pendant ses crises, et là n’est pas le problème. Elle devient violente lorsqu’elle se met à agir ses émotions. Ressentir de la colère ou de la haine n’est pas violent. En revanche, hurler, frapper, insulter, tuer… là se trouve la violence.

 

C’est important qu’Élodie parvienne à comprendre cette distinction. Tant qu’elle imagine que ses émotions peuvent être violentes, elle s’empêche autant que possible de les ressentir. Mais comme elle contient en elle tous ces ressentis, il y a des moments où elle explose… et devient … violente!

 

C’est d’ailleurs un des motifs initiaux qui l’ont amenée à venir me consulter: elle est impulsive et colérique, particulièrement dans ses relations professionnelles. Ses collègues et hiérarchiques la considèrent comme “la râleuse de la boîte” et ne tiennent plus compte de ce qu’elle exprime, même si c’est juste. Comme la forme n’est pas adaptée (colère excessive), ils ne tiennent pas compte de la légitimité qui peut exister dans le contenu de sa révolte. Élodie souffre de cette étiquette dont elle n’arrive pas à se défaire et qui lui font vivre un quotidien professionnel dans lequel elle ne se sent ni écoutée, ni respectée. Heureusement, depuis qu’elle a commencé cette démarche de psychothérapie, Élodie a déjà constaté qu’elle se met moins en colère au travail.

 

On peut trouver ça paradoxal: elle écoute davantage sa colère, et pourtant elle est moins “colérique”! C’est exactement ainsi que ça fonctionne. Si je laisse exister mes émotions, mes sensations, que je prends le temps de les écouter, de comprendre ce qui me perturbe et de mettre en place des stratégies qui me conviennent pour prendre soin de moi, alors je n’ai plus de raison d’exploser. Il n’y a plus d’accumulation à l’intérieur de moi… et plus aucune menace d’éruption volcanique !

 

Alors à vos écouteurs…!

 

 

 

Dans son cabinet de psychothérapie situé à Montpellier, Julie Blivet, psychologue et psychothérapeute, reçoit des adultes en consultation individuelle.